« Connaître sert beaucoup pour inventer. » (Mme de Staël)

Mme de Maintenon

  Mme de Maintenon

   Mme de Maintenon est née le 27 novembre 1635 à 01 h 00 à Niort, AS 23° 01' Vierge, Lune 12°14' Cancer. Il semble qu’elle se soit vraiment intéressée aux enfants et à leur éducation en ce siècle où les mères délaissaient plus ou moins leur progéniture (Part de fortune en V). Elle éleva les enfants de Louis XIV et de Mme de Montespan, dont le duc du Maine, son préféré. Faut-il voir dans cette ambition pédagogique une frustration et un manque ? Mme de Maintenon ne fut jamais mère : Saturne Maître de V carré Mars et Lune Carré Uranus (un avortement ne semble pas exclu).

   Saint-Cyr, à l'origine Maison royale de Saint-Louis, fut la raison de vivre de Mme de Maintenon à partir de 1686. Elle put y laisser libre cours à sa passion pédagogique et... s'y reposer de la vie de cour qui devint pour elle un véritable supplice, disait-elle... À partir de la fin des années 1690, elle passa beaucoup de temps à Saint-Cyr. Saint-Simon remarqua : « Ce que Saint-Cyr lui a fait perdre de temps n’est pas croyable. » Il faut dire qu'elle s'y reposait des servitudes de son état dans un appartement de quatre pièces lambrissées au rez-de-chaussée : une bibliothèque avec les livres de piété dans trois armoires ainsi que les volumes de maroquin où étaient classées les preuves de la généalogie des Demoiselles. À la mort du roi, Mme de Maintenon s’ensevelit à Saint-Cyr.

   Mme de Maintenon laissa de nombreux écrits concernant l’organisation et l’esprit de Saint-Cyr : lettres, avis, instructions, réprimandes, entretiens, conversations et proverbes.

   Elle aime écrire, mais Mercure Maître de X se cache en IV Sagittaire, carré à la conjonction Mars/ Ascendant. Nulle compassion ni gentillesse dans sa nature, une écriture agressive et combative. Le Maître de III, Pluton en IX (elle va au fond des choses) est opposé à la conjonction Soleil/Vénus en III qui plaide toutefois pour une écriture brillante et généreuse en Sagittaire. Mme de Maintenon n’en est pas à une contradiction près ! En effet, on peut ajouter qu’elle n’aime pas briller (Soleil Maître de XII) : épouse de Louis XIV certes, mais à l’ombre, une éminence grise en somme. La conjonction à Vénus et le trigone à l’Ascendant indique qu’elle l’aima sans doute mais sans grande passion. Si l’on regarde le Maître de VII, Neptune, il est trigone Lune en Cancer. Ces Signes d’Eau qui peuvent s’illusionner, contre[1]disent quelque peu son côté pratique et terre à terre. Une dernière remarque : Le Soleil est Maître du NS en XI : grands projets et amitiés ambitieuses ne sont plus de mise. C’est pourtant ce NS qui orienta la première partie de sa vie et la fit parvenir au rang royal. Elle déchanta rapidement. Mais son énergie due au trigone Mars/Pluton ne la quitta jamais.

   Elle semblait avoir tout oublié de sa propre jeunesse où la fréquentation de Scarron puis des salons du Marais lui avait apporté la culture et appris l’art de la conversation. La Précieuse de 1685 dira en 1699 : « Les femmes ne savent jamais qu’à demi et le peu qu’elles savent les rend communément fières, dédaigneuses, causeuses et dégoûtées des choses solides. » Elle donnait aux Demoiselles une vision noire des hommes et du mariage mais, en même temps, refusait la pruderie au sens moderne : « On m’a dit qu’une petite fille fut scandalisée de ce que son père avait parlé de sa culotte. C’est un mot en usage. Quelle finesse y entendait-elle ? Est-ce l’arrangement des lettres qui fait le mot immodeste ? Auront-elles de la peine à entendre les mots de curé, cupidité, curieux ? Cela est pitoyable. »

   Dans l'ensemble, voilà une éducation assez paradoxale (qui lui ressemble) faite de modernité et du maintien des valeurs traditionnelles : Saturne en domicile en IV trigone Jupiter en Vierge, deux signes de Terre pleins de bon sens. Mais le NN en Verseau en V/VI demande de se diriger vers une création originale : Saint-Cyr en est un exemple.

   L’œuvre écrite de Mme de Maintenon est difficile à apprécier car elle a détruit la plus grande partie de sa correspondance. Mais les dames et les Demoiselles de Saint-Cyr forgent sa légende et une première édition de ses lettres est publiée au milieu du XVIIIe siècle.

   Bien entendu, nous versons facilement dans l'hagiographie. Les dames de Saint-Cyr disent qu’elle « avait le son de voix le plus agréable, un ton affectueux, un front ouvert et riant, le geste naturel de la plus belle main, des yeux de feu, les mouvements d’une taille libre, si affectueux et si réguliers qu’elle effaçait les plus belles de la Cour. Le premier coup d’œil était imposant, comme voilé de sévérité, le sourire et la voix ouvraient le nuage. »

   Elle écrivit beaucoup, obéissant ainsi à son MC en Gémeaux qui aime communiquer et transmettre : Les titres de ses Entretiens et Instructions annoncent le programme : « Instruction contre l’esprit de cachotterie et sur l’obéissance » (1709), « Instruction sur ce qu’il faut éviter les mauvaises occasions et que, faute de cette attitude, l’on tombe peu à peu dans de grand maux » (1710), « Instruction contre les espiègleries » (1715), « Instruction contre les nouveautés en matière de religion », « Entretien sur le bon choix des pièces qu’on peut donner aux Demoiselles » et « Entretien sur ce que les lectures profanes sont toujours dangereuses ».

   Mlle d’Aumale, qui laisse des Souvenirs, sera sa dernière élève préférée, à laquelle elle dicte de nombreux écrits (textes pédagogiques, notes, instructions) et qui la suit partout, même à Versailles. Avec Mme de Glapion, alors supérieure, elle participera à l’élaboration du mythe de Mme de Maintenon. Elles seront toutes deux avec Mmes de Caylus (nièce de Mme de Maintenon) et de Dangeau, les confi[1]dentes et amies de la fin de sa vie.

   Sainte-Beuve ne l’aime pas et la traite de « Tartuffe en robe couleur de feuille morte ». Il remarque que, le jour de sa mort, « Saint-Cyr passa à l’état de relique royale », un monument vivant. Les Dames entretiennent le culte et un souvenir embelli, une hagiographie qu’elle avait préparée de son vivant, ne leur disant que ce qu’elle voulait bien. Il ajoute qu’elle y « accomplit son plus grand acte de reine, paraître avoir abdiqué. (Causeries du lundi). L’institution durera encore tout un siècle, équilibre entre mondanité et austérité, vie profane et religieuse.

   Peu sympathique, Mme de Maintenon, mais une grande force de caractère. Louis XIV ne l’appelait-il pas « Ma Solidité « ? 

Sources de la biographie : Mme de Maintenon, Jean-Paul Desprat, Perrin, 2003.

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Date de dernière mise à jour : 25/12/2024