« Connaître sert beaucoup pour inventer. » (Mme de Staël)

Poésie en seconde-programme officiel-aide

PREMIERE PARTIE

   Le programme de seconde pour l’année scolaire 2021-2022 demande « l’étude de textes rassemblés autour d’un thème ou d’une forme poétique, entre le Moyen Âge et le XVIIIe siècle. » Ce site étant consacré aux 17e et 18e siècles, nous laisserons de côté les autres périodes.

Remarques sur la poésie au 18e

   Le siècle des Lumières connaît une crise poétique. Tous les genres traditionnels subsistent mais la poésie perd en émotion et se perd dans l’artifice de la versification et des procédés : mythologie, mots nobles, périphrases, figures de style, éloquence. Elle devient ornement frivole ou divertissement mondain, l’essentiel des écrivains s’intéressant au rationalisme et à la philosophie. 

   En témoignent ces propos de Houdard de la Motte : « Le but du discours n’étant que de se faire entendre, il ne paraît pas raisonnable de s’imposer une contrainte qui nuit souvent à ce dessein et qui exige beaucoup plus de temps pour y réduire sa pensée qu’il n’en faudrait pour suivre simplement l’ordre naturel de ses idées. » (Discours sur la poésie, 1707). Fontenelle renchérit : « Que serait-ce si l’on venait à découvrir qu’il y a de la puérilité à gêner son langage uniquement pour flatter l’oreille, et à le gêner au point que souvent on en dit moins ce qu’on voulait, et quelquefois autre chose ? » (Traité sur la poésie). Dans sa Dissertation sur le poème épique, l’abbé de Pons déclare : « Je crois donc que l’art des vers est un art frivole ; que si les hommes étaient convenus de les proscrire, non seulement nous ne perdrions rien, mais que nous gagnerions beaucoup. »

   Toutefois, Voltaire défend la poésie, admettant cependant que l’air du temps ne lui est pas propice :

« On a banni les démons et les fées ;

Sous la raison les grâces étouffées

Livrent nos cœurs à l’insipidité ;

Le Raisonner tristement s’accrédite ;

On court, hélas ! après la vérité :

Ah ! croyez-moi, l’erreur a son mérite. »

(Ce qui plaît aux dames)

   D’Alembert, de la même façon, s’inquiète dans le Discours préliminaire à l’Encyclopédie : « Cet esprit philosophique, si à la mode aujourd’hui, qui veut tout voir et ne rien supposer, s’est répandu jusque dans les belles-lettres ; on prétend même qu’il est nuisible à leurs progrès, et il est difficile de se le dissimuler. » 

   La stérilité poétique est donc la conséquence de l’esprit critique et de la raison. On perd le sens du mystère, oubliant que la poésie est, elle aussi, un mode de connaissance.

   La poésie reste un divertissement mondain : poésie légère, satirique ou galante, vers spirituels, piquants mais éphémères. Le public s’amuse de cet art d’agrément et la poésie perd sa dignité.  Montesquieu, Vauvenargues ou Buffon n’y voient que futilité.    

   Notons cependant une évolution dans la seconde moitié du siècle. Les poètes s’engagent vers un lyrisme plus personnel et moderne : la sensibilité gagne en force, on s’éloigne de la froide raison, on communie dans une mélancolie élégiaque. A la poésie pseudo-classique se substitue progressivement le lyrisme préromantique. On peut citer André Chénier.

Poètes du 18e siècle

  • Jean-Baptiste Rousseau : Circé
  • Le Franc de Pompignan : Odes, Poésies sacrées,
  • Delille : relativement intéressant, il compose une poésie didactique et pittoresque de la nature : Les Jardins, L’Homme des champs ou les Géorgiques françaises, Les Trois règne de la nature. On peut citer « Charme de l’Automne » et « Jeux d’eau ». Voir ici.
  • Lebrun : Odes, Elégies, Epîtres, Poèmes divers et épigrammes.
  • Gilbert : Ode imitée de plusieurs psaumes.
  • Léonard (né en Guadeloupe) : Idylles
  • Bertin (né à l’île Bourbon) : Les Amours
  • Parny (né également à l’île Bourbon)
  • Florian (surtout connu pour ses Fables) : Plaisir d’amour
  • Et surtout André Chénier. On ne peut ignorer « La jeune captive » ni « La jeune Tarentine ».

   Le programme demande de regrouper les œuvres soient par thèmes, soit par formes poétiques. La première option semble plus apte à intéresser les élèves.  Amour, amitié, nature, mort, etc. : le choix du thème est vaste.  

Remarques sur la poésie au 17e siècle

   Après l’essor de la Pléiade au siècle précédent, la poésie connaît un déclin à la fin du 16e siècle dû en partie aux troubles politiques et religieux mais renaît lors des premières décennies du 17e siècle avec le retour de la paix et la stabilité politique. L’aristocratie ne guerroie plus et se livre aux plaisirs mondains, aux arts et aux lettres.

   Les nouveaux poètes comme Honoré d’Urfé ou Malherbe sont des hommes raffinés qui mettent leur plume au service de Dieu, du roi, des princes et de l’amour.

   Toutefois, la poésie humaniste de la Renaissance (Ronsard) influence les œuvres qui reprennent les mêmes thèmes et formes. Le sonnet règne. Notons également la vogue des stances, de la chanson ou du cantique, de l’ode, de l’élégie, du poème épique (cf. infra).

   Théophile de Viau amorce une poésie nouvelle. Après 1630 prévaudra une poésie précieuse.

   La poésie baroque rivalise avec une poésie plus classique. En effet, la première se rattache à une société encore ne mouvement et divisée, la seconde à une société tendant à l’ordre et à l’équilibre (raison, retenue, sérieux).

   Pour la première partie du siècle, on peut s’intéresser à Marbeuf, Viau, Saint-Amant, Racan, Malherbe, Maynard, Vermeil (poésie amoureuse), Régnier, Voiture, Scarron, d’autres… 

   Prévaut ensuite le genre théâtral.

Note sur le registre épique

   Hérité du genre de l’épopée (long poème narratif valorisant les exploits d’un héros), le registre épique renvoie à des sujets guerriers, l’éloge d’un héros, la vivacité du rythme et la description des opposants.

Poètes du 17e siècle - Récapitulatif

Saint-Amant, Tristan l’Hermite, La Fontaine, Boileau, Malherbe, Mainard, Racan, Régnier, de Viau, Voiture, Benserade, d’autres.

DEUXIEME PARTIE

   Le programme demande également d’établir des « repères sur son histoire, ses continuités, ses évolutions et ses ruptures, du Moyen Âge au XVIIIe siècle. »

   Il s’agit donc d’étudier l’évolution poétique du Moyen Age au 18e siècle en distinguant notamment les différentes formes des poèmes : fixes, régulières ou libres. Ces dernières qui apparaissant plus tard seront étudiées en classe de Première (ainsi que le poème en prose qui date du 19e siècle).

   Une problématique générale est possible : « En quoi le choix d’une forme poétique révèle-t-il la sensibilité particulière d’un auteur ? » En effet, étudier la forme d’un poème permet d’inscrire le texte dans une esthétique qui révèle les canons de son époque. On peut donc se demander dans quelle mesure un texte propose ou non un renouvellement des formes poétiques et manifeste par là une sensibilité personnelle. L’analyse d’un poème repose alors sur le rapport qu’entretient le texte avec les formes fixes, régulières (ou libres).

Formes fixes

   Le poème est fixé par des règles précises de composition. Au cours du Moyen Age (du 11e au 15e siècle), musique et poésie, auparavant associées dans les chants des troubadours, deviennent autonomes. Les poètes cherchent à traduire le rythme et les sonorités musicales par des mots. On distingue :

  • La ballade (du verbe baller = danser) est née au Moyen Age. Elle comporte en général trois strophes dites « carrées » (le nombre de syllabes des vers est identique à celui des vers des strophes) qui s’achèvent par un refrain. Le poème finit par un envoi, courte strophe adressée au destinataire du poème.
  • Le rondeau (de ronde) apparait au 13e siècle. Construit sur deux rimes, il possède un refrain qui reprend une partie ou l’ensemble du premier vers.
  • Le sonnet, très répandu à la Renaissance (16e siècle) et constitué de deux quatrains suivis de deux tercets, en alexandrins, parfois en octosyllabes. Les rimes des quatrains sont embrassées ou croisées, les deux tercets commencent par une rime survie puis des rimes embrassées ou croisées.

Formes régulières

   Sans s’inscrire dans une forme fixe, de nombreux poèmes sont réguliers. Leur construction en vers et en rimes reste toutefois assez libre. On distingue :

  • L’ode, empruntée par Ronsard à la poésie de la Grèce antique, qui se caractérise par des vers courts et des strophes d’égale longueur en nombre variable. Elle privilégie le lyrisme.
  • La fable apparaît dans l’Antiquité (Esope, Phèdre). Elle est d’abord destinée à l’enseignement des enfants. Au 17e siècle, La Fontaine en fait un genre poétique à part entière.
  • La satire est un poème argumentatif emprunté à l’Antiquité (Horace, Juvénal) et dénonce les défauts du genre humain sur un mode ironique.
  • Le blason se développe à la Renaissance. Il s’agit d’un court poème qui fait l’éloge du corps féminin.  

TROISIEME PARTIE - METHODE : COMMENT ETUDIER UN SONNET ?

   Il s’agit d’analyser le parti que le poète tire de sa brièveté, de la structure des strophes et des rimes.

Mettre en relation la composition du poème et son sujet

  • Avec deux groupes de strophes inégales (deux quatrains et deux tercets), la forme du sonnet permet de mieux mettre en valeur une comparaison, un contraste ou une évolution entre deux réalités.
  • Il faut d’abord dégager le sujet développé dans chaque strophe. Les deux quatrains exposent souvent un premier aspect des choses et les tercets, un autre.
  • On peut également étudier les relations entre les expressions à la rime.

Être attentif au dernier vers

   Le dernier vers du sonnet se démarque souvent. Il représente une « pointe », une chute préparée au long du poème et qui permet à l’auteur d’exprimer le véritable message à retenir. Il faut donc alors relire le sonnet à la lumière du dernier vers.  

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