« Connaître sert beaucoup pour inventer. » (Mme de Staël)

Espace spatio-temporel

   Les Liaisons commencent le 3 août 17**. La première partie occupe tout le mois d’août, la lettre L étant datée du 1er septembre. La deuxième partie se déroule pendant presque tout le mois de septembre (lettre LXXXVII datée du 26), la troisième partie en octobre (lettre LXXIV datée du 25), la quatrième partie dure plus longtemps, de fin octobre au 14 janvier de l’année suivante. En tout, cinq mois, donc une temporalité dense, intense et tragique.   

   Laclos joue des effets de décalage entre la rédaction d’une lettre, sa réception et une réponse éventuelle. Par exemple, le 25 octobre, Mme de Tourvel annonce à Mme de Rosemonde la soi-disant conversion de Valmont et la dernière visite qu’il doit lui rendre. Souffrant de rhumatismes, Mme de Rosemonde ne répond que le 30 pour se réjouir ce que « la Providence » a sauvé son neveu et son amie. Mais Mme de Tourvel s’est donnée à Valmont le 28 octobre. Ironie tragique due aux délais postaux. Et l’amour entre Valmont et Mme de Tourvel n’aura duré qu’u mois à peine.

   Temps réduit, et espace tout aussi concentré : le huis-clos de la campagne où se déroulent les mois d’août et septembre, saison où les nobles sont sur leurs terres et s’ennuient. Le roman commence comme une idylle même si Laclos ne s’attarde pas en longues descriptions : on entrevoit un jardin, un coin de forêt, un village et quelques paysans. La « petite maison » de Mme de Merteuil est moins champêtre : c’est un lieu élégant, consacré aux plaisirs des sens, accessoire obligé des libertins.

   Les choses se gâtent en octobre à Paris qui s’impose peu à peu, avec le retour des spectacles et des dîners (Opéra, repas où l’on échange calomnies et mondanités). En dehors des lieux mondains qu’on devine, il y a les bois parisiens pour les duels, le triste couvent où Mme de Tourvel meurt. Les autres lieux sont inexistants, comme la Bourgogne où le mari de Mme de Tourvel est retenu par un interminable procès.  

Sources : La Fiche de lecture littéraire, Marie-Anne Charbonnier, Amand Colin, 2009.  

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