« Connaître sert beaucoup pour inventer. » (Mme de Staël)

Citations sur l'amour dans La Nouvelle Héloïse

« Malheur à qui n’a plus rien à désirer. Il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère et l’on n’est heureux qu’avant d’être heureux. »

Amour

   « Dès le premier jour que j’eus le malheur de te voir, je sentis le poison qui corrompt mes sens et ma raison ; je le sentis dès le premier instant. » (Julie)

   => topos de la scène de première vue.

   « J’ose me flatter que le Ciel a mis une conformité secrète entre nos affections, ainsi qu’entre nos goûts et nos âges. […] O Julie ! si cet accord venait de plus loin ; si le Ciel nous avait destinés… » (Saint-Preux)

   => topos de la prédestination amoureuse.

   « En dépit de la fortune, des parents et de nous-mêmes, nos destinées sont à jamais unies ; […] nous ne pouvons plus être heureux ou malheureux qu’ensemble. Le sort pourra bien nous séparer mais non pas nous désunir. » (Julie) 

   => La quête du bonheur est légitime et peut renverser les obstacles car « la voix de la nature » s’accorde à « la voix du cœur ».

   Hélas, ce sont des « âmes vertueuses » et il n’est pas question de tomber dans l’adultère. 

   => La mort de Julie sauve la morale.

   « Je me suis longtemps fait illusion. […] Vous m’avez crue guérie et j’ai cru l‘être. […] J’eus beau vouloir étouffer le premier sentiment qui m’a fait vivre, il s’est concentré dans mon cœur […] ; ce sentiment resté malgré moi fut involontaire, il n’a rien coûté à mon innocence ; tout ce qui dépend de ma volonté fut pour mon devoir. Si le cœur qui n’en dépend point fut pour vous, ce fut mon tourment et non pas mon crime. J’ai fait ce que j’ai dû faire, la vertu me reste sans tache et l’amour m’est resté sans remords. » (Dernière lettre de Julie)

   => Elle peut avouer son amour puisqu’elle va mourir.

Lutte entre le cœur et la vertu, problème des droits de la passion et de ses limites dans le cadre de la vie sociale. Contradictions.

   Saint-Preux en appelle aux « lois de la nature » et écrit à Julie (qui s’est donnée à lui) : « N’as-tu pas librement contracté le plus saint des engagements ? Qu’as-tu fait que les lois divines et humaines ne puissent et ne doivent autoriser ? […] La chaîne qui nous lie est légitime, l’infidélité seule qui la romprait serait blâmable et c’est désormais à l’amour d’être le garant de la vertu. »

   Mais Julie est persuadée d’avoir commis une « faute », d’être « perdue », « déshonorée ». Elle va accepter un mariage qui, en même temps, la répugne : « Nature, ô douce nature, reprends tous tes droits ! J’abjure les barbares vertus qui t’anéantissent. »

   Elle se marie sans amour pourtant et le mariage est heureux : « L’honnêteté, la vertu, de certaines convenances, moins de conditions et d’âges que de caractères et d’humeurs, suffisent entre deux époux, ce qui n’empêche point qu’il ne résulte de cette union un attachement très tendre qui, pour n’être pas précisément de l’amour, n’en est pas moins doux et plus durable. [On s’épouse] pour remplir conjointement les devoirs de la vie civile, gouverner prudemment la maison, bien élever ses enfants. »

   « Prestige des passions ! tu fascines ainsi la raison, tu trompes la sagesse et changes la nature avant qu’on ne s’en aperçoive ! » (Julie)

   => Condamnation de la sensibilité et de la passion.

   « J’ai tâché de vivre de manière à n’avoir pas besoin de songer à la mort ; et maintenant qu’elle approche, je la vois venir sans effroi. Qui s’endort dans le sein d’un père n’est pas en souci du réveil. »

   => Ayant conduit sa vie selon le devoir et la vertu, elle meurt en paix avec elle-même, entourée des siens.  

   Son époux confirme : « L’accident, la fièvre, la mort sont dans la nature : c’est le sort commun des mortels ; mais l’emploi de ses derniers moments, ses discours, ses sentiments, son âme, tout cela n’appartient qu’à Julie […], personne que je sache n’est mort comme elle. »

   => Avant de mourir, elle expose son projet d’éducation pour sa fille ; on range son appartement, on amène ses enfants auprès d’elle, elle leur désigne leur nouvelle mère, elle affirme sa foi protestante.

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Date de dernière mise à jour : 22/02/2020