« Connaître sert beaucoup pour inventer. » (Mme de Staël)

Eloge de Marivaux par d'Alembert

   Élu à l’Académie en 1754, puis secrétaire perpétuel, d’Alembert composa l’éloge de Marivaux, imprimé en 1785.

   Il le fait précéder de ces lignes : « Cet éloge est plus long que celui des Despréaux, des Massillon, des Bossuet, et de plusieurs autres académiciens très supérieurs à Marivaux. Le lecteur en sera sans doute étonné, et l’auteur avoue lui-même qu’il en est un peu honteux ; mais il n’a pas le talent de faire cet article plus court. Les ouvrages de Marivaux sont en si grand nombre, les nuances qui les distinguent sont si délicates, son caractère même avait des traits si variés et si fugitifs, qu’il paraît difficile de faire connaître en lui l’homme et l’auteur, sans avoir recours à une analyse subtile et détaillée qui semble exiger plus de développements, de détails, et par conséquent de paroles, que le portrait énergique et rapide d’un grand homme ou d’un grand écrivain. »

   Mais d’Alembert est loin de mettre l’œuvre de Marivaux à la place qui lui revient : il trouve dans son théâtre « plus à sourire qu’à s’attendrir et plus de finesse que d’intérêt. » Réticence significative qui témoigne de l’incompréhension à laquelle se heurta Marivaux, particulièrement de celle des philosophes.

   Le texte rassemble les souvenirs personnels de d’Alembert sur l’auteur qu’il avait bien connu à l’Académie et dans les salons et reprend également les éléments qui figurent dans l’Essai sur la vie et les ouvrages de l’auteur, que l’abbé de La Porte avait fait imprimer en tête de l’édition des Œuvres diverses de M. de Marivaux de l’Académie française (1765).

   Mais le texte reste intéressant, notamment en ce qui concerne le jeu des Comédiens-Italiens ainsi que le portrait que trace d’Alembert du caractère de Marivaux (« aux traits si variés et si fugitifs » qui « n’était guère moins singulier que ses écrits »)

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