« Connaître sert beaucoup pour inventer. » (Mme de Staël)

Goethe et le pot-au-feu

La bataille de Valmy

   En 1792 (septembre), Goethe, affecté à l’état-major du duc de Weimar, participe à l’invasion de la France (bataille de Valmy ci-dessus). A Givry-sur-Meuse, il prend son cantonnement chez l’habitant et note dans son journal :

   « J’entrai dans une grande pièce faite de briques et je vis pétiller un bon feu. Saluant le maître de maison, j’allai m’asseoir dans un coin de la cheminée autour de laquelle les divers membres de la famille formaient un cercle qui ne tarda pas à s’élargir afin de faire place à mes compagnons de guerre qui arrivèrent par la suite. 

   Au-dessus du feu pendait une grosse marmite de fonte dans laquelle bouillait le mets national appelé « pot-au-feu ». J’en suivis les apprêts avec beaucoup d’attention.

   Le bœuf était déjà presque cuit lorsqu’on le mit dans la marmite des carottes, des navets, des poireaux, des choux et autres légumes. Pendant que tous ces ingrédients cuisaient à petit feu, j’admirai l’ordre de la pièce. La maîtresse de maison restait assise auprès de feu, tenant un petit garçon sur ses genoux. Deux autres se pressaient autour d’elle, tandis que la servante remplissait de petites tranches de pain blanc les assiettes en bois et les bols déposés sur la table. Puis elle versa du bouillon de la marmite en nous engageant à en manger. Les légumes et la viande complétèrent ce dîner dont tout le monde paraissait se trouver très heureux. »

Sources : Almanach gastronomique, op. cit.

Remarque

   Près d’un siècle et demi plus tard, Colette, fort gourmande, écrira à propos du pot-au-feu :

   « Il faut avoir au moins trente ans pour apprécier le mérite gastronomique d’un bon pot-au-feu. Avant cet âge fatidique, l’on pense volontiers qu’il s’agit là d’un plat vulgaire. »

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Date de dernière mise à jour : 11/09/2023