« Connaître sert beaucoup pour inventer. » (Mme de Staël)

A table avec Voltaire

  Un souper chez Frédéric II roi de Prusse

   Voltaire était quelque peu hypocondriaque.

   Dans une lettre à un certain M. Clément, de Dreux, citée par le docteur Cabanès dans ses Indiscrétions de l’histoire, Voltaire écrit[1] :

   « Il y a des nourritures fort anciennes et fort bonnes dont tous les sages de l’Antiquité se sont toujours bien trouvés. Vous les aimez et j’en mangerais volontiers avec vous ; mais j’avoue que mon estomac ne s’accommode pas de la nouvelle cuisine.

   Je ne peux souffrir un ris de veau qui nage dans une sauce sale, laquelle s’élève quinze lignes au-dessus de ce petit ris de veau. Je ne puis manger d’un hachis composé de dinde, de lièvre et de lapin, qu’on veut me faire prendre pour une seule viande. Je n’aime ni le pigeon à la crapaudine, ni le pain qui n’a pas de croûte. Je bois du vin modérément et je trouve fort étrange les gens qui mangent sans boire, et qui ne savent même pas ce qu’ils mangent.

   Quant aux cuisiniers, je ne saurais supporter l’essence de jambon, ni l’excès de champignons et de poivre avec lesquels ils déguisent des mets très sains en eux-mêmes, et que je ne voudrais pas seulement qu’on lardât… Je veux que le pain soit cuit au four… Vous aurez des figues ou des fruits, mais dans la saison. Un souper san apprêt, tel que je le propose, fait espérer un sommeil fort doux et qui ne sera troublé par aucun songe désagréable… »

   Après avoir évoqué les aliments qu’il n’aime guère, Voltaire indique ceux auxquels il donne la préférence… Ainsi il aime les lentilles. C’est même son légume de prédilection. Un bon potage lui est agréable. Comme viande : le mouton… Et avec cela des œufs. Et du petit lait quand il se met au régime.   

   Au déjeuner du chocolat ou du café. Lekain raconte que, lorsqu’il a été admis pour la première fois à la table de Voltaire, ils consommèrent tous deux « une douzaine de tasses de chocolat mélangé avec du café. Rien d’autre ne fut servi. »

Remarques :

   Devenu vieux, Voltaire perd l’habitude de manger au milieu de la journée mais quand il en a envie, Mais il soupe régulièrement entre neuf et dix heures, mange peu et va se coucher entre onze heure set minuit. Un demi-setier (un quart) de vin par repas lui est suffisant. Mais il le veut très bon : le Corton a sa préférence. A propos du champagne :

« De ce vin frais, l’écume pétillante

De nos Français a la préférence. »         


[1] Il s’agit d’une lettre d’invitation à passer quelques jours chez lui.

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Date de dernière mise à jour : 12/03/2024