« Connaître sert beaucoup pour inventer. » (Mme de Staël)

La Palatine : intérêt

Intérêt de ses lettres : la princesse Palatine, une Allemande cultivée à la cour de France

La Palatine   La Palatine, dite aussi Madame, belle-sœur de Louis XIV et mère du régent Philippe d'Orléans, laisse une correspondance abondante éparpillée ici et là, qui ne fut publiée entièrement qu'à la fin du 19e siècle. Les sources des extraits publiés ici proviennent des Lettres de la princesse Palatine (Mercure de France, 1985).

   « Madame, si célèbre par son goût des belles-lettres », écrit Voltaire dans Le Siècle de Louis XIV.  

   En effet, ses parents [1] la confient très tôt à sa tante Sophie, duchesse de Hanovre. Elle y trouve l’affection et y acquiert une culture qu’elle n’aurait jamais trouvée à Heidelberg. Son père avait recommandé à sa sœur : « N’allez surtout pas faire d’elle une femme savante ! ». Mais, grande lettrée et lectrice assidue de Montaigne, Sophie lui communique le goût de la bonne littérature, chose assez rare à la cour de France et grand recours pour elle dans ses nombreux moments de détresse.

   Elle n’a rien d’une précieuse pourtant et ne pose pas à l’intellectuelle. Mais elle préfère ses lectures au jeu, si répandu à la cour, apprécie la chasse et les soirées à la comédie, s’amuse avec ses chiens et entretient une énorme correspondance avec sa famille restée en Allemagne [2], écrivant tous les jours plusieurs lettres à différents correspondants : à la duchesse de Hanovre (qui mourra le 18 juin 1714), à la raugrave Louise, à la raugrave Amélie-Élisabeth  [3] ; sa correspondance avec Leibniz n’est pas dénuée d’intérêt. Sa dernière lettre, adressée à Louise, date du samedi 29 novembre 1722. Elle mourra quelques jours plus tard, le 8 décembre.

   Elle dit elle-même : « J'écris aussi beaucoup ; le dimanche j'écris à ma tante notre chère électrice, et à ma fille en Lorraine, le lundi en Suisse et à la reine d'Espagne, le mardi en Lorraine, le mercredi à Modène, le jeudi encore à Hanovre, le vendredi en Lorraine, le samedi complète ce que je n'ai pas pu écrire dans la semaine. Quand donc un jour j'ai écrit vingt feuillets à Son Altesse le princesse de Galles et dix ou douze feuillets à la file, vingt en français à la reine de Sicile, je suis alors tellement fatiguée que je ne puis mettre un pied l'un devant l'autre ! »  

   Réputée pour sa truculence et son franc-parler, elle nous ouvre les portes souvent dérobées des coulisses de Versailles et ne se gêne pas pour exprimer sa haine de Mme de Maintenon et des enfants illégitimes du roi, notamment le duc du Maine.

   Elle meurt le 8 décembre 1722 et pourrait paraître hors-sujet dans la thématique que j'ai choisie. Mais on sait bien que le 17e siècle dure en fait jusqu'à la mort de Louis XIV, en septembre 1715. A ce propos, elle laisse un témoignage intéressant sur la cassation du testament de Louis XIV et la prise de pouvoir par son fils, le régent Philippe d'Orléans. Et, oui, c'est une intellectuelle qui lit beaucoup et se passionne pour le théâtre.

   Sainte-Beuve écrit : « Telle qu’elle est, avec toutes ses crudités et ses contradictions sur ce fonds de vertu et d’honneur, Madame est un utile, un précieux et incomparable témoin de mœurs. Elle donne la main à Saint-Simon et à Dangeau, plus près de l’un que de l’autre. Elle a du cœur ; ne lui demandez pas de l’agrément, mais dites : il manquerait à cette cour une figure et une parole des plus originales, si elle n’y était pas. » Il considère le ton des lettres de la Palatine comme « vivant, spirituel et brutal. » 

   On put même aller jusqu’à dire, au-delà du témoignage des mœurs, que la correspondance de la Palatine est le premier document qui désacralise la monarchie française.

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Notes  

[1] Son père est l’électeur Charles-Louis qui a recouvré le Palatinat à la paix de Westphalie.

[2] Elle ne reverra sa tante Sophie qu’une seule fois.

[3] Demi-sœurs de Madame. Son père renouvela en 1667 le titre de raugrave, en faveur de son épouse morganatique, Louise de Degenfeld, qui fut appelée dès lors la Raugravine.  

Prix Palatine du roman historique : Le Montespan (Jean Teulé)

Pardaillan de Gondrin ou Monsieur de Montespan   En 2008, la Banque Palatine crée le Prix Palatine du roman historique : il s'agit de défendre le patrimoine historique et de valoriser le meilleur roman historique.

   Ce prix est attribué chaque année au meilleur roman historique, parmi une sélection d’ouvrages parus entre octobre et mars, qui répond au mieux aux 3 critères suivants :

- une grande rigueur historique
- un sens aigu du romanesque
- une évidente qualité littéraire

   Jean Teulé est récompensé pour Le Montespan (Julliard, 2008).

   Gageons que cette chère princesse Palatine serait heureuse de la création de ce prix... mais sans doute moins de ce Montespan. Quoique... Jean Teulé ne fait certes pas dans l'hagiographie montespanesque (pardon pour ce mot qui n'existe pas) et nous livre un portrait sans fard, peut-être pas très objectif du reste, de la terrible favorite, détestée de la Palatine, qui détestait tout autant, sinon davantage, Mme de Maintenon. Forcément... elle était amoureuse de Louis XIV ! J'exagère ? À peine...

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Date de dernière mise à jour : 13/10/2017