« Connaître sert beaucoup pour inventer. » (Mme de Staël)

Apprentissages et études

De quelques hommes

Descartes (1596-1650)

   Né dans une famille noble, il fut mis au collège de La Flèche, chez les Jésuites. On connaît les passages du Discours de la méthode où il évoque ses maîtres avec reconnaissance et respect, quoiqu’il fasse la critique de leur enseignement. Descartes étudie ensuite le droit à Paris, puis il veut consulter le « grand livre du monde » : pour voyager, il s’engage d’abord sans l’armée du prince Maurice de Nassau en Hollande, puis dans celle du duc de Bavière. Il prend part à la guerre de Trente Ans. C’est pendant sa première campagne, en 1619, qu’arrêté au commencement de l’hiver dans un « poêle » (logement chauffé par un poêle) qu’il médite sur les sources et sur l’objet de nos connaissances, qu’il découvre les principes de sa méthode et l’application de l’algèbre à la géométrie. On le voit ensuite à Ulm, à Prague, bon soldat, mais toujours préoccupé de science et de philosophie. Il quitte le service, se rend à Rome (1623) et revient à Paris où il essaie de vivre à l’écart des mondanités. Cependant, il prend part à des conférences savantes. Il s’établit en Hollande (1629). C’est là qu’il commence son œuvre.

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Voiture (1598-1648)   

   Fils d’un marchand de vin d’Amiens, Vincent Voiture occupe d’abord les fonctions de contrôleur général dans la maison de Gaston d’Orléans. Il suit son maître à Bruxelles, en Lorraine, est chargé de missions en Espagne et en Italie. Il devient maître d’hôtel du roi en 1639 et fait encore de nombreux voyages en 1639, 1640 et 1642. Introduit à l’Hôtel de Rambouillet par un de ses anciens condisciples de collège, le comte d’Avaux, et par M. de Chaudebonne, son esprit supplée à sa naissance et à sa fortune. Il y devient le moteur.

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Corneille (1606-1684)

 Premières années

   Fontenelle, neveu de Corneille, déclare : « La vie de M. Corneille, comme particulier, n’a rien d’assez important pour mériter d’être écrite ; et à le regarder comme un auteur illustre, sa vie est proprement l’histoire de ses ouvrages. »

   Il est né dans une famille bourgeoise de petite robe, son père est maître particulier des eaux et forêts. Il fait ses études au collège des Jésuites de Rouen, est bon élève et excellent latiniste. Son tempérament porté à la force, à la grandeur et à la déclamation, trouve dans les poètes et orateurs latins un aliment tout à fait approprié. Il aime particulièrement Sénèque et Lucain.

   Au sortir du collège, il fait des études de droit et achète en 1628 une charge d’avocat général à la Table de marbre du Palais. Il conservera ces fonctions jusqu’en 1650. Il doit à l’étude du droit l’art d’argumenter ainsi que la didactique qui anime le discours de ses personnages. Dans ses tragédies, de nombreuses scènes sont de véritables plaidoyers, où l’attaque et la défense se valent.

   Rien se semble donc, dans cette paisible et modeste vie provinciale, destiner Corneille au théâtre. Une aventure sentimentale à Rouen lui inspire un sonnet pour Mlle Milet, qu’il a l’idée d’intégrer dans une comédie, Mélite, jouée à Paris en 1629. Le succès de cette pièce encourage Corneille qui donne successivement plusieurs comédies et, en 1635, sa première tragédie, Médée.  Il se fixe alors à Paris et sa carrière est lancée.

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Pascal (1623-1662)    

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Bossuet (1627-1704)

   Il appartient à une vieille famille parlementaire de Bourgogne. Son père est avocat au Parlement de Dijon et devient conseiller au Parlement de Metz. Jacques-Bénigne naît à Dijon, le septième de dix enfants ; il est de bonne heure destiné à l’Eglise. Il commence ses études au collège des jésuites de sa ville natale et les continue à partir de 1642 à Paris, au collège de Navarre, dont le principal est Nicolas Cornet, celui qui découvre et formule les cinq propositions de Jansénius. Bossuet prononcera son oraison funèbre en 1663. Est-il vrai que, pendant ses années d’études théologiques, il ait fréquenté l’Hôtel de Rambouillet et qu’il y ait, un soir, improvisé un sermon ? Voiture raconte : « Je n’ai jamais entendu prêcher ni si tôt, ni si tard ? ». Toujours est-il que le jeune Bossuet a déjà une certaine réputation. Son ardeur au travail lui vaut, de la part de ses condisciples, le surnom de « bœuf habitué à la charrue » et le prince de Condé accepte en 1648, la dédicace de sa première thèse.  Il est ordonné sous-diacre, puis diacre et devient docteur en théologie en 1652.

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La Rochefoucauld (1613-1680)

   François VI, prince de Marcillac, puis à la mort de son père, duc de la Rochefoucauld, appartient à l’une de plus grandes familles de France, alliée aux rois. Son père est duc et pair, gouverneur du Poitou, puis est disgracié par Richelieu. Elevé probablement à la campagne, François travaille avec un précepteur, sans fréquenter ni collège ni Université et ne fait pas d’études solides. A 16 ans, il prend les armes. 

   Ce n’est qu’en 1656 qu’il s’ouvre à la vie mondaine et commence à rédiger ses Maximes, dont la première édition paraît en 1665.

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La Bruyère (1645-1696)

   On sait fort peu de choses de sa jeunesse. Il est né à Paris dans la Cité. Fils d ‘un contrôleur général des rentes de la ville, il devient, après avoir fait son droit à l’Université d’Orléans, avocat au Parlement de Paris. Puis il achète en 1673, un office de trésorier des finances dans la généralité de Caen. Mais il continue de vivre à Paris, « vivant dans la solitude de son cabinet. »

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Racine (1639-1699)

   Sa mère meurt deux ans après sa naissance et, deux années plus tard, son père. Il est recueilli par sa grand-mère Marie des Moulins, qui a une fille religieuse au couvent de Port-Royal, la mère Agnès de Saint-Thècle ; elle y a elle-même deux sœurs religieuses ; devenue veuve en 1649, elle y rejoint sa fille et ses sœurs. Désireuse de faire élever son petit-fils selon les mêmes préceptes, elle l’envoie au collège de Beauvais, dirigé par les jansénistes. A seize ans, Racine quitte Beauvais pour entrer dans l’école où enseignent, auprès de Port-Royal-des-Champs, les « Messieurs de Port-Royal » eux-mêmes, aux Granges. Racine est donc l’élève de ces solitaires. Pendant trois ans, loin de toute distraction extérieure, il subit l’influence profonde de ses maîtres ainsi que le charme d’une campagne harmonieuse et calme, campagne qu’il décrit dans ses premiers vers. Il passe de longues heures à lire des le texte grec les tragédies d’Euripide. Il est élevé dans des sentiments religieux d’une sévérité scrupuleuse, dans une morale janséniste intransigeante. Cette première éducation laisse chez lui une impression si profonde que ses succès dramatiques seront toujours entachés par le souvenir de sa jeunesse religieuse et qu’il voudra, après l’échec momentané de Phèdre, se faire chartreux pour expier, comme il dit, les scandales de sa vie passée. Il achève ses études au collège d’Harcourt à Paris, où se trouve à peu près l’actuel lycée Saint-Louis.

   En 1660, Racine publie sa pièce de vers, une ode intitulée La Nymphe de la Seine, composée pour le mariage du roi. Dès cette année-là, il commence à songer au théâtre comme en fait foi sa correspondance et commence à s’émanciper de la discipline de Port-Royal.

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Molière (1622-1673)           

   Jean-Baptiste Poquelin est baptisé le 15 janvier 1622. Son père, Jean Poquelin, tient boutique sous les piliers des Halles, à l’enseigne de Saint-Christophe ; il est valet de chambre tapissier ordinaire du roi. Sa mère, Marie Cressé, meurt alors qu’il entre dans sa onzième année.

   Il est d’abord élevé dans un milieu parisien, bourgeois et populaire, connaît bien les petites gens qu’il dépeint dans ses pièces.

   Mais, élève du plus grand collège de Paris, Clermont, dirigé par les Jésuites, il fait d’excellentes études de 1636 à 1641. Il peut y observer un monde nouveau pour lui, puisque ce collège fort à la mode est fréquenté par les fils de grands seigneurs. Il y rencontre le jeune prince de Conti qui s’établira plus tard le protecteur de sa troupe nomade.  Il rencontre également à cette époque Gassendi (qui lutte contre Descartes), auquel il est sans doute redevable de son épicurisme.

   Il fait ensuite des études de droit mais il s’intéresse depuis longtemps au théâtre : tout jeune encore son grand-père Cressé le mène sur le Pont-Neuf voir Tabarin sur ses tréteaux, à l’Hôtel de Bourgogne ou à la foire Saint-Germain. Il fonde l’Illustre Théâtre en 1643.

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Boileau (1636-1744)   

   Il est le quinzième enfant de Gilles Boileau, greffier au Parlement de Paris, perd sa mère un an après sa naissance, est élevé durement par une vielle domestique. Il est timide et taciturne dans sa première enfance. Son père disait de lui : « Pour celui-ci, c’est un bon garçon qui ne dit jamais de mal de personne. »   

   Il commence ses études à l’âge de huit ans au collège d’Harcourt et subit l’opération de la pierre vers l’âge de onze ans. Il passe ensuite au collège de Beauvais. On le destine à l’Eglise, il est tonsuré très jeune mais, rebuté par la théologie, il obtient de son père la permission de faire son droit et il devient avocat. Il n’aime pas davantage la chicane.

   La mort de son père en 1657 lui donne son indépendance. Il renonce au barreau et peut se lancer dans la poésie, disposant d’une solide fortune, ce qui explique en grande partie l’absolue liberté de ses satires.

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Fénelon (1651-1715)    

   Il appartient à une famille noble et il a toujours les manières d’un très grand seigneur. Entré de bonne heure au séminaire de Saint-Sulpice, il veut s’abord se consacrer aux missions du Levant. Mais il y renonce en raiosn d’une assez mauvaise santé. En 1678, Il est nommé supérieur des « Nouvelles Catholiques », maison où l’on catéchise les jeunes filles protestantes converties au catholicisme.

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Date de dernière mise à jour : 02/08/2023