« Connaître sert beaucoup pour inventer. » (Mme de Staël)

Entourage féminin de Pascal

Généralités

Jacqueline Pascal

   Né en 1623, il perd sa mère à l’âge de 3 ans. Son père veille à l’éducation de ses trois enfants, dont l’aînée, Gilberte, tient lieu de père aux deux autres, Blaise et Jacqueline.

   Après Clermont-Ferrand et Paris, la famille s’installe à Rouen où elle reçoit Corneille qui s’intéresse aux essais poétiques de Jacqueline. Pascal souffre d’une paralysie qui l‘oblige à marcher avec des béquilles. L’une de ses sœurs témoigne : « Il ne pouvait absorber que chaud et goutte à goutte [...] Il disait que depuis l’âge de 18 ans, il n’avait pas passé un jour sans douleur. » Il se convertit au jansénisme, entraînant sa famille avec lui : Jacqueline, à 21 ans, entre au couvent et Gilberte, devenue Mme Périer, mène, ainsi que son mari, une vie édifiante et austère. Les lettres de Pascal à Mme Périer nos révèlent son ardente piété, bientôt stimulée par ses visites à Port-Royal.

   Mais, épuisé par le surmenage (travaux mathématiques), Pascal se tourne vers le « divertissement[1] » et la vie mondaine (1651-1654) : il fréquente le salon aristocratique de Mme d’Aiguillon, nièce de Richelieu et celui de Mme de Sablé. En cette compagnie, il apprend « l’art de plaire » et semble perdre de sa ferveur religieuse. Il mène grand train, tombe amoureux et songe à se marier. On lui attribue le Discours sur les Passions de l’Amour (vers 1652). A la même époque, il perfectionne sa machine à calculer (inventée pour simplifier les comptes de son père) dont il envoie un exemplaire accompagné d’une lettre à la reine Christine de Suède.

   Progressivement, la maladie, la lassitude de la vie mondaine et l’influence de sa sœur Jacqueline entraînent Pascal vers Port-Royal-des-Champs où il se retire après la nuit du 23 novembre 1654 où il vit une extase mystique. En 1656, il écrit à Mlle de Roannez de nombreuses lettres de direction spirituelle, nourries des Écritures qu’il applique à la vie pratique. Selon Mme Périer, nombreux sont ceux qui « demandent ses avis et les suivent fort exactement ». Sa foi se trouve exaltée par le miracle de la sainte Épine grâce auquel sa nièce Marguerite Périer est guérie instantanément d’une fistule lacrymale en touchant une épine de la sainte Couronne (mars 1656). Les persécutions contre Port-Royal et l’expulsion des religieuses en 1661 le rendent intransigeant. Le 29 juin 1662, il se fait porter chez sa sœur pour laisser sa maison à un enfant malade. Il meurt le 19 août.

   Sa sœur, Mme Périer, travaille (avec Arnauld, Nicole et Filleau de la Chaise) à la première édition des Pensées de M. Pascal sur la religion (1669-1670). On peut retenir ici un passage contre la préciosité féminine, où il critique les métaphores « trop luxuriantes » et se moque du jargon précieux. Il nous invite à imaginer une précieuse, « une jolie damoiselle toute pleine de miroirs et de chaînes » : elle serait ridicule, « mais ceux qui ne s’y connaîtraient pas l’admireraient en cet équipage ; et il y a bien des villages où on la prendrait pour la reine ; et c’est pourquoi nous appelons les sonnets faits sur ce modèle-là les reines de village » (33). Et encore : « Il faut de l’agréable et du réel ; mais il faut que cet agréable soit lui-même pris du vrai » (25).                 


[1] Le divertissement désigne d’abord les distractions qui nous font oublier nos soucis : le jeu, la conversation des femmes, la chasse ou la danse. 

Vie de Blaise Pascal par sa sœur Gilberte

   Très versé dans les mathématiques, Etienne, son père, remarqua de bonne heure les dispositions de son fils pour cette matière. Mais désireux de lui donner avant tout une sérieuse connaissance des langues anciennes, « il évita, dit Mme Périer (Gilberte, l’une des sœurs de Pascal : Vie de Blaise Pascal) de lui parler de mathématiques, et serra tous les livres qui en traitaient, lui promettant seulement qu’il les lui apprendrait dès qu’il saurait le latin et le grec. » C’est alors, nous dit-elle, que Pascal, ignorant même les définitions essentielles de la géométrie, appelant un cercle rond, et une ligne une barre, « poussa ses recherches si avant qu’il en vint jusqu’à la trente-deuxième proposition du premier livre d’Euclide. » On peut corriger ce récit par celui de Tallemant des Réaux (Historiettes, 188-189), où l’on voit le jeune Pascal avouer à son père qu’il a lu en cachette les six premiers livres d’Euclide. Quoi qu’il en soit, dès l’âge de douze ans, il était doué d’un véritable génie pour les sciences. A seize ans, il composa un Traité des sections coniques qui aurait excité, dit-on, la jalousie de Descartes. IL prit art à des conférences scientifiques, inventa la « machine arithmétique » pour simplifier les calculs de son père, alors intendant à Rouen. Mais, à l’âge de vingt-trois ans, il rencontre deux jansénistes. La famille, déjà très chrétienne, se convertit comme lui. Les dés sont jetés.

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Date de dernière mise à jour : 02/08/2023