« Connaître sert beaucoup pour inventer. » (Mme de Staël)

Les Préfaces

Romans

   Cle

   Aux XVIIe et XVIIIe siècle, le roman est considéré comme un genre frivole, non codifié, qui oblige l’auteur à assurer le lecteur de sa portée moralisante, sauf Scarron dan son Roman comique, qui accepte joyeusement sa frivolité ou bien Mme de La Fayette qui s’efface derrière son texte en présentant La Princesse de Clèves comme une « chronique ». 

   Dans la préface de Gil Blas, Le Sage écrit : « Si tu lis mes aventures, sans prendre garde aux instructions morales qu’elles renferment, tu ne tireras aucun fruit de cet ouvrage ; mais si tu le lis avec attention, tu y trouveras, suivant le précepte d’Horace, l’utile mêlé avec l’agréable. »

   Dans celle de Manon Lescaut, l’abbé Prévost écrit ; « Les personnes de bon sens ne regarderont point un ouvrage de cette nature comme un travail inutile. Outre le plaisir d’une lecture agréable, on y trouvera peu d’événements qui ne puissent servir à ’instruction des mœurs ; et c’est rendre, à mon avis, un service considérable au public que de l’instruire en l’amusant. »

   Dans La Vie de Marianne ou Les Liaisons dangereuses, l’auteur a recours au stratagème du document trouvé par hasard.

Théâtre

   Quant au aux auteurs du théâtre classique, ils assurent leur fidélité aux préceptes d’Aristote et au théâtre grec, suivant également la tyrannie des règles. Ainsi Corneille dans sa préface du Cid : « J’ose dire que cet heureux poème n’a si extraordinairement réussi que parce qu’on y voit les deux maîtresses conditions que demande ce grand maître [Aristote] aux excellentes tragédies et qui se trouvent si rarement assemblées dans un même ouvrage.

   Racine explique comment il a modifié le destin d’Iphigénie tel qu’Euripide l’avait décrit en ajoutant ; « Il ne faut que l’avoir vu représenter pour comprendre quel plaisir j’ai fait au spectateur. »

   Molière fonde Tartuffe sur les liens qui unissent la comédie antique et la religion et invoque lui aussi Aristote.

   Au siècle suivant, Voltaire considère certes Zaïre comme novatrice, mais c’est par rapport à son propre goût qui l’inclinait vers Corneille mais le tourne à présent vers Racine.

   Dans Le Mariage de Figaro, Beaumarchais affiche certes sa distance avec les règles classiques mais considère qu’il ouvre « un nouveau sentier à cet art dont la loi première, et peut-être la seule, est d’amuser en instruisant », ce qui le ramène à Horace.          

Sources : L’Art de la préface, collectif sous la direction de Philippe Forest, Editions Cécile Defaut (Collection « Horizons comparatistes », Université de Nantes).

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Date de dernière mise à jour : 16/03/2024